HOCKEY. André Ruel est un homme comblé. Depuis maintenant sept ans, l’homme de hockey drummondvillois partage sa vaste expérience au sein de la division hockey de la Creative artists agency (CAA), cette prestigieuse agence qui représente les intérêts de quelques-uns des plus grands talents artistiques et sportifs de la planète.
Basée à Los Angeles, l’écurie dirigée par Pat Brisson étend son influence aux quatre coins de l’Amérique du Nord et de l’Europe, ayant des représentants à Pittsburgh, Minneapolis, Toronto, Calgary, Stockholm, Prague et Moscou. Pour sa part, André Ruel est l’agent responsable des joueurs évoluant au Québec et dans les Maritimes. Devenu agent certifié par l’Association des joueurs de la LNH il y a deux ans, l’ancien coach de 65 ans représente des clients chez les professionnels, mais aussi des espoirs de premier plan évoluant dans les rangs midgets et juniors.
C’est lors du repêchage de la LNH tenu à Montréal en 2009 que Pat Brisson a approché André Ruel, son entraîneur chez les Voltigeurs au milieu des années 1980. À ce moment, CAA n’était plus présente au Québec depuis quelques années. Grâce au travail de recrutement effectué par Ruel, l’agence représente désormais plus d’une trentaine de hockeyeurs dans l’est du pays.
«CAA, c’est devenu une grosse business au Québec. J’ai mis beaucoup d’énergie dans le recrutement des espoirs. Mes contacts développés dans le passé m’ont facilité la tâche. Comme coach, j’ai côtoyé les pères de Pierre-Luc Dubois, Benoît-Olivier Groulx, Xavier Bouchard et Olivier Rodrigue. Ce sont eux-mêmes qui sont venus me voir pour que je les représente.»
Rapidement, Ruel a donc bâti sa notoriété. «J’y mets beaucoup de temps. Je suis très proche des jeunes. Aussitôt qu’un événement survient, je suis là. L’avantage que j’ai, c’est que je travaille avec la meilleure entreprise de services au monde», explique-t-il, en rappelant que CAA représente plusieurs vedettes de la LNH, dont Sidney Crosby.
Il faut dire que le travail d’agent de joueurs n’est plus le même qu’il y a 25 ans, lorsque Brisson a fait ses débuts dans le métier. «Avant, c’était juste de signer le contrat, puis de demander un échange si ça tournait mal. Aujourd’hui, c’est complètement différent. Les générations ont changé et la technologie a évolué. Pour répondre aux besoins de nos joueurs, qu’on veut toujours placer dans une position pour réussir et exceller, on travaille désormais 24 heures sur 24, sept jours sur sept.»
«Ce que je fais aujourd’hui, ça touche à tout ce que j’ai fait pendant 40 ans dans le hockey. Je me sers de mon expérience pour aider les gars. En ayant déjà coaché, je suis aussi en mesure de mieux expliquer les décisions de l’entraîneur aux joueurs. Même les meilleurs joueurs ont besoin de quelqu’un pour les guider, pour les aider à retrouver leurs repères et leur confiance.»
Afin de favoriser le développement complet de ses athlètes tant sur le plan mental que physique, CAA leur donne rapidement accès aux meilleurs spécialistes dans chaque domaine, de la psychologie sportive à la préparation physique et la médecine sportive en passant par le perfectionnement des habiletés, la nutrition et le droit.
«C’est une grande responsabilité d’accompagner ces joueurs dans leur développement, mais c’est très valorisant de les voir réussir. Quand je suis arrivé, je suis parti de rien, mais j’ai utilisé chacun de mes contacts pour me former une équipe de spécialistes. Aussitôt qu’il arrive quelque chose, je sais où diriger le joueur ou à qui demander de l’information», explique Ruel.
Pour tout incident autre qu’une blessure, Ruel a établi la règle du 24 heures. «Je réponds toujours au joueur à l’intérieur de ce délai. Ça permet de faire redescendre les émotions de tout le monde. Par exemple, un jeune peut paniquer parce qu’il a été retranché de l’alignement. Moi, je vais toujours chercher les deux versions : celle du joueur et de son entraîneur. Ensuite, je mets tout ça ensemble et j’essaie de trouver des solutions.»
«En réalité, tout le monde veut le bien du joueur, mais souvent, les deux camps ne voient pas les choses de la même façon. Si le joueur n’a pas travaillé sur ce que son coach lui reproche, ça explique la conséquence. Il faut aussi parler aux parents, qui sont souvent très émotifs. On fait le lien entre tout le monde, pour ne pas toujours aboutir à une demande d’échange à chaque conflit. Chaque athlète rencontre de l’adversité, mais les jeunes ne sont pas habitués à ça de nos jours. Pourtant, plus tu en as, meilleur tu deviens. On amène le jeune à prendre ses responsabilités, à trouver des solutions, bref, à devenir un adulte et un professionnel», affirme Ruel.
Au moment de rencontrer L’Express, Ruel s’apprêtait à partir pour Buffalo, où plusieurs de ses protégés devraient être repêchés par une équipe de la LNH en fin de semaine. Pierre-Luc Dubois, Julien Gauthier et Samuel Girard font partie du lot, tout comme le Drummondvillois Alex Dostie, qui a participé au camp d’évaluation des Blackhawks. En juillet, Ruel s’envolera vers Los Angeles pour un camp de développement regroupant les meilleurs espoirs professionnels de CAA.
«Je répète souvent aux jeunes que le repêchage, ce n’est pas une finalité. C’est plutôt un début. Je leur parle souvent de Tyler Johnson, qui n’a jamais été repêché, et d’Ondrej Palat, qui a fait sa place même s’il a été parmi les derniers joueurs sélectionnés.»
«D’ailleurs, les statistiques démontrent qu’un joueur invité a presque autant de chances de percer qu’un joueur repêché à partir de la quatrième ronde. Si un joueur n’est pas repêché, je lui dis de se retrousser les manches et de travailler encore plus fort. Si tu persévères, tu vas avoir une chance de passer.»
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